Toyota Land Cruiser FJ25 1957
Land Cruiser FJ 25 de 1957 : Légende Vivante !
FJ25. Deux lettres suivies de deux chiffres qui symbolisent tant auprès des amoureux de Land Cruiser. Figurez-vous qu’au Costa Rica, l’importateur de la marque garde jalousement dans ses locaux, la première voiture Toyota qui a posé ses roues sur le sol Costa Ricain. Un Land Cruiser FJ 25 de 1957, date à laquelle Toyota cherchait à conquérir les Amériques. L’état de conservation est proche du neuf et semble vous replonger en dehors du temps à une époque où nombre d’entre-nous n’étaient pas nés ou encore en culotte courte.
Tous droits réservés textes et photos : Marc Mellet.
Le hasard réserve parfois bien des surprises. Imaginez un peu l’excitation lorsque vous découvrez dans la pénombre d’une allée, dans les locaux de l’importateur Toyota au Costa Rica, un FJ 25 quasi neuf.
52 000 kilomètres au compteur et un niveau de conservation impressionnant. Capot fermé, l’auto semble directement sortie d’une plaquette commerciale pour vanter le mythe Land Cruiser qui dure depuis maintenant plus d’un demi-siècle.
L’histoire de ce FJ est assez spectaculaire puisqu’elle suit exactement l’histoire de Toyota.
L’économie japonaise est dans sa période faste au milieu des années 50, la compagnie s’appuie sur un marché intérieur prospère pour s’étendre à l’étranger. En 1956, Toyota lance le projet « Land Cruiser » pour conquérir les marchés étrangers et ainsi concurrencer les Jeep Willys et Land Rover. Ce FJ 25 est l’adaptation pour un usage civil de la Jeep BJ et le produit est maintenant mûr pour s’attaquer à l’étranger. Confort et performance sont au rendez-vous. Depuis 1955, les chaînes de fabrication sortent aussi bien des BJ (usage militaire) que des séries 2 pour le marché intérieur.
En janvier 1957, après la guerre de Corée, l’armée américaine organise un comparatif géant entre Toyota, Nissan, Isuzu et Mitsubishi pour assurer l’approvisionnement logistique. Les véhicules testés et comparés sont autant les autos que les camions. Deux camions Toyota seront retenus pour leurs capacités de charge utile mais pas le FJ25. Cependant, Toyota prend note de tout ce qu’il n’allait pas et corrige le tir pour investir le marché américain. L’aventure peut commencer.
Toyota cherche donc des distributeurs dans tous les pays d’Amérique, au nord et au sud. Au Costa Rica, Amadéo Quiros relève le défi. Dans son pays, les Land Rover ont le monopole quasi absolu des déplacements privés. Les pistes de l’intérieur nécessitent l’usage d’un 4×4 à cause des fortes déclivités. Immédiatement, le FJ 25 surprend par ses capacités mais aussi par son confort…
Par rapport, à la version purement militaire qu’était le BJ, le Land Cruiser FJ 25 a été construit spécialement pour les marchés civils. Ainsi les lames ont été rallongées pour accentuer la souplesse de l’amortissement. L’accueil est positif.
Le véhicule que nous avons sous les yeux n’est ni plus ni moins le premier véhicule de démonstration arrivé au Costa Rica. Le premier Toy de ce pays. Voici trois générations que la famille Quiros conserve jalousement ce trésor. Depuis, l’entreprise familiale est devenue un véritable « empire ». L’ascension a été fulgurante et deux frères ne sont pas de trop pour gérer les affaires du groupe (voir le sujet sur la société Purdy Motor dans ce numéro).
Cette visite a lieu lors de la présentation des produits Adonis à l’importateur. Autant dire que nous sommes dans un climat de confiance et lorsque je demande s’il est possible de faire des photos de l’auto, Javier Quiros, l’actuel directeur de la société avec son frère Amadéo, demande aussitôt que les clefs me soient remises… Pour un essai. Je n’ose retenir ma joie et me rappelle le dernier FJ25 que j’ai pu observer : celui du musée Toyota qui avait été envoyé et présenté sur les Champs Élysée pour le cinquantenaire du Land Cruiser. Il n’avait pas été possible alors de faire de photos plus poussées que celles réalisables sur le stand.
Artick truck en Islande possède aussi un très bel exemplaire. Dans notre cas, nous voilà en route pour les hauteurs environnantes de San José pour un périple dont nous relaterons l’aventure dans un prochain numéro sur la découverte du Costa Rica. La culture Toyota est tellement ancrée dans l’esprit des Costaricains que plusieurs nous montrent du doigt et nous saluent. Tous ont reconnu l’ancêtre de leur BJ ou FJ 40 tant adoré. Dans ce pays, l’effet de notre FJ25 a plus d’impact que n’importe quelle voiture de sport. Mais plus tôt que de parler des capacités dynamiques, faisons d’abord le tour du propriétaire.
Difficile d’honorer autant de confiance, l’auto est comme neuve. Elle a été magnifiquement restaurée pour le futur musée Toyota que Javier souhaite voir aboutir un jour. En attendant, il collectionne les autos qui ont marqué l’histoire de Toyota. Les lignes connues du BJ 40 sont déjà bien présentes dans le FJ25. L’objectif premier de cette auto à usage civil a été de la rendre moins fatigante à conduire. Arrondir les lignes de la carrosserie a permis de la civiliser en la rendant plus fluide. Il fallait aussi sortir de l’image de la Jeep Willys dont les Américains ont intenté un procès pour plagiat. Dans ce dessein, les lignes de calandres sont désormais horizontales et plus verticales. L’espace intérieur gagne en confort par rapport à la Jeep BJ en avançant le moteur de 12 centimètres permettant de gagner vingt centimètres dans l’habitacle. Le volant est aussi plus haut de dix centimètres. Des dimensions qui nous semblent normales vu l’habitude que nous avons de celui des séries 4 mais à l’époque cela semble un progrès énorme. Car il faut tout replonger dans son époque. Cette auto était en avance sur ces concurrents directs. Et de nombreux détails font penser aux génies japonais. Par exemple, le vide-poche à droite a exactement la même forme que le compteur de vitesse. Une façon comme une autre de n’avoir à fabriquer qu’une seule caisse en fonction de la conduite à gauche ou à droite. Cette auto regorge de détail de ce type qui démontre déjà une maîtrise de l’industrialisation importante. Le compteur contient les informations de vitesse bien sûr (100 km/h en pointe mesurée), de kilométrage, de pression d’huile, de température d’eau, de charge de batterie et de niveau de réservoir. Un élément complet interchangeable à gauche ou à droite selon les pays de destination. La banquette avant comme à l’arrière permet de recevoir trois personnes. Six personnes peuvent donc voyager dans un confort inédit pour l’époque. Frein à main, commande de boîte de vitesse à quatre rapports et boîte de transfert sont situés au sol. Les commandes du tableau de bord sont des plus rudimentaires. Ouverture de trappe d’air, des essuie-glaces, des contacteurs d’éclairage ne sont piloté que par de simples boutons poussoir.
Sur la version bâchée, les portières sont en toile. Une glace coulisse le long de deux rails en U et se clipse en haut ou en bas. Pas de position intermédiaire mais une simplicité a toute épreuve. La bâche se fixe via l’utilisation de boucles qui prennent un temps fou à enlever mais qui permettent une tension parfaite de la toile et ainsi d’accompagner son usure. Dans notre cas, elle a été changée. Le cuir des sièges a également été restauré. Si bien que l’on imagine facilement le concessionnaire vous faire l’article de ce nouveau modèle. La roue de secours se trouve sur le côté droit de l’aile pour ne pas pénaliser l’accès à la benne. Un marchepied est d’ailleurs prévu pour en faciliter l’accès. Les rétroviseurs sont réglables en plusieurs positions par un système de serrage gras. La baie de pare-brise se pose sur le capot en cas de besoin. La fixation de capot est la même que sur les séries 4 avec les deux accroches à ressort de chaque côté du capot.
Lorsqu’on le soulève, on découvre le moteur F. Un beau bestiau de 3878 cm3 répartis sur six cylindres avec deux soupapes par cylindre. 105 chevaux à 3200 trs/min et un couple respectable de 270 Nm dès 2000 tours. L’alimentation du carburateur en essence via des tuyaux en cuivre est assurée par une pompe mécanique. Détail d’une autre époque, une manivelle permet un démarrage en cas de défaillance de la batterie. Nous avons essayé, il fallait des bras de bûcheron pour faire tourner le 3,9L. Mais dans pareil cas, on trouve toujours les forces nécessaires à la survie. Deux escargots énormes font office de klaxon à compresseur. Le son ainsi produit rappelle les sirènes d’après-guerre.
À l’essai, un coup de clef et le berlingot prend son plein régime de ralentit. Malgré un renforcement important du châssis pour limiter la transmission des vibrations à la caisse, les vibrations du moteur se font sentir dans le creux des reins. Ce ressentit du moteur disparaîtra aussitôt la première enclanchée. Ce sont les vibrations de la route qui prennent le relais. L’amortissement était un net progrès pour l’époque. Cela semble impensable de nos jours tant la suspension est rêche. Les pneus en 6,00 par 16 et les sièges en mousse assurent pourtant une partie de l’amortissement nécessaire pour ne pas avoir le dos brisé dès le moindre trou sur la piste. Les commandes sont brutes de brutes. Lors de l’évolution du BJ au FJ25, la boîte quatre rapports a pris des synchros sur le 3° et 4° rapports. Un plus qui permet de n’accrocher que sur la première et la seconde. Le couple semble tellement important qu’un double débrayage est presque obligatoire pour ne pas prendre le risque d’exploser la boîte de vitesse.
Mais peu importe la rusticité, le sentiment d’être à bord d’un mythe vivant rend ce moment de connivence extrême avec la mécanique d’une douceur sans pareil.
Presque aussi doux et fou que lorsque Javier a concédé que nous partions faire un tour dans la jungle avec son auto. Une aventure tellement incroyable que nous la relaterons dans un prochain sujet sur le Costa Rica. En attendant, il ne nous reste plus qu’à remercier Javier pour son extrême gentillesse. Rares sont les personnes qui auraient pris un tel risque sans une confiance absolue en notre magazine. Merci encore et « Pura Vida ».
Toyota Land Cruiser FJ25L
F pour moteur F, essence
J pour Jeep
2 pour série 2
5 pour modèle châssis court
L pour Left ou volant à gauche (pour conduite à droite).
Moteur F
Prototype créé en 1948.
Six cylindres en ligne, essence à deux soupapes par cylindres.
Alésage X Course : 90,0 X 101,6
Cylindrée : 3878 cm3
Taux de compression 6,8/1
Puissance maxi : 105 cv à 3200 trs/min
Couple maxi : 27,0 kg/m à 2000 trs/min
Embrayage : diamètre 275 mm.
Capacité d’huile moteur : 4,7 litres.
Circuit de refroidissement : 16,6 litres.
Toyota Land cruiser FJ25 : les dimensions
Longueur hors tout : 3878 cm
Largeur : 1665 cm
Hauteur : 1850 cm
Empattement : 2285 cm
Voie avant : 1390 cm
Voie arrière : 1350 cm
Garde au sol : 21 cm.
Poids : 1425 kg, Charge utile 450 kg.
Passagers : 4
Pneus : 6,00-16 en six plis
Ressorts à lames semi-elliptiques : 6 lames à l’avant, 7 à l’arrière.
Vitesse maximale : 100 km/h
Rayon de braquage : 5,3 m
Freinage à 50 km/h : 18 m
Alternateur : 12 v ; 18 ampères
Batterie : 12 v ; 55 AH
Réservoir : 57 litres. Pompe à essence mécanique à dépression.
Rapports de boîte : 1ère : 5,41/1 ; 2nd : 3,12/1 ; 3° : 1,77/1 ; 4° : 1/1 ; marche arrière : 5,44/1.
Rapport de pont : 4,11/1.
Rapport de prise de force : 23/1.
Production :
Production de 1955 à juillet 1960 ; 13700 véhicules par an en moyenne pour toutes les séries 2.
En 1957 : sur une production de 5255 véhicules, 2954 ont été exportés. En 1960, 10 000 FJ2 sont partis à l’export. Il existait deux châssis pour les séries 2 : 2285 mm (25) et 2430 mm pour les longs.