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Afrique Australe

Incroyable Afrique australe.

Une fois tous les deux ans, le Méga Raid propose de rejoindre Le Cap en Afrique du Sud à Zanzibar, la petite île en face de la Tanzanie. Si de nombreuses choses n’étaient pas au point au niveau organisation, l’itinéraire n’en reste pas moins extraordinaire. La quasi-intégralité du bestiaire africain était au rendez-vous…

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AFRIQUEAUSTRALE-MELLET020Pas moins de neuf équipages avaient répondu présents à l’appel pour réaliser cette traversée mythique de la moitié du continent africain. Chose peu courante sous ces latitudes, ce raid se réalise au volant de son propre véhicule. La mise en container imposée un mois avant le départ argumente en partie le prix élevé payé par le client. Mais au moins, réaliser un raid de 7 000 kilomètres au volant d’une auto dont on connaît les défauts et les qualités permet d’être optimiste quant à sa réussite. Les petites habitudes sont conservées et sur une période de 30 jours cela à son importance. Globalement, un 4X4 de location sera toujours moins bien entretenu et équipé que celui qui a été bichonné toute l’année pour accomplir ce voyage tant attendu.

Ainsi les neuf véhicules sont : un représentant de chacune des longueurs disponibles chez Land Rover : un 90, un 110 et un 130 et des Toyota : deux HDJ80, deux KDJ95, un HJ61 et un KDJ120. La proportion habituelle dans les raids est conservée avec environ soixante pour cent de Toyota. L’organisation possède un HJ61 et loue un Hilux dont les pneus poseront problème.

Le parcours dans son ensemble est tout simplement exceptionnel. Il offre la possibilité de découvrir plusieurs des merveilles d’une Afrique bien différente de celle du Nord. Le cap de Bonne Espérance, ses pingouins et le Fish River Canyon sont les points clefs des 812 kilomètres parcourus en Afrique du Sud.

Dans l’inconscient général, la Namibie n’est qu’une étendue de sable rouge. Il n’en est rien. Certes les plages du Pacifique sont bordées de belles dunes de près de 200 mètres de haut sur une profondeur de quelques kilomètres dans les terres mais cela ne représente qu’une infime partie du pays. L’intérieur de la Namibie ressemble beaucoup à l’Australie. De longues pistes en terre s’étendent sur des centaines de kilomètres jonchés de barrières. Impossible de sortir de la piste puisque pour garder le bétail, les propriétaires terriens ont tout barricadé. Les bivouacs se font donc dans les rares endroits prévus à cet effet. Le niveau de développement est tel que les rares transhumances de chèvres sur la route se font avec un porteur de panneaux invitant les automobilistes à faire attention. Du jamais vu en Afrique et cela augure de ce que sera un jour le continent africain lorsque son niveau de développement aura atteint celui de l’Europe. Avec une réglementation poussée à l’extrême, chaque acte est réprimandable et fait l’objet d’une autorisation payante. Il en est ainsi en ce qui nous concerne des bivouacs mais aussi des visites du moindre centre d’intérêt. Il en sera de même dans beaucoup d’endroits sur la suite du voyage. Le tourisme est bien souvent le seul moyen de générer des devises dans des zones désertes de toute économie ou industrie. Cela est complètement justifié pendant les visites de parcs. Dans ce cas, la sauvegarde des animaux et de leur environnement est un argument facile à comprendre.

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C’est à Windhoek que Jean-Michel vient me chercher. C’est sa première participation en tant que mécano-accompagnant pour cette organisation. Comme bien souvent sur les raids longs, le reportage ne se déroule pas du début à la fin mais sur deux semaines suffisamment significatives des pistes et paysages rencontrés. Nous assurons la fermeture et allons partager l’Hilux de location pendant deux semaines jusqu’aux chutes Victoria. Pour l’heure, il nous faut rouler toute la journée pour retrouver le groupe. Deux véhicules et deux personnes encadrent donc ce raid d’exception.

Les retrouvailles se font au bivouac à quelques kilomètres de Kuiseb Canyon, un endroit magnifique qu’il nous faudra découvrir le lendemain matin, de jour. La géologie œuvre de bien belle manière et nombreux sont les endroits aux formes surprenantes. La flore se différencie également par des plantes que l’on ne trouve que dans le périmètre du désert de Namib. Les welvitchias sont des spécimens endémiques à la croissance très longue qui ont la particularité de se développer en profondeur. Ainsi, il nous est donné d’admirer des exemplaires plusieurs fois centenaires où l’ensemble des feuilles ne dépasse pas cinquante centimètres de circonférence. Si on creusait, on découvrirait un tronc de plus d’un mètre fiché dans le sol.

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La préparation des autos est de belle facture et peu d’entres -elles auront du mal à franchir les dunes de Sandwich Bay. Seul notre Hilux sera à la peine dans les grandes montées où sa puissance trop limite imposera de nombreux passages. À cet endroit, les dunes surplombent la mer de plusieurs centaines de mètres de hauteur laissant apparaître une vue superbe sur l’Atlantique. À chaque tentative, les moteurs diesels puisent leurs derniers chevaux dans des nuages de fumée noire. Les descentes, exercice le plus impressionnant, se font en ligne droite dans un silence caractéristique de l’expérience ou non de l’équipage. Dans cette aventure périlleuse, le châssis court de Fabrice et Patricia se mettra même en travers lors d’un passage un peu plus technique que les autres. Plus de peur que de mal, ces participants en seront bons pour une belle frayeur. Il est vrai que les châssis courts sont toujours plus instables dans toutes les directions de l’espace. À notre retour sur la terre ferme, les flamants roses applaudiront notre exploit.

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Cape Cross reçoit de drôles habitants. Une colonie d’otaries de plusieurs centaines d’individus a élu domicile sur les côtes pour profiter de la richesse de la mer à cet endroit. Nous passons de bons moments à essayer de comprendre les codes qui régissent la colonie.

Depuis, vingt-quatre heures déjà, trois voitures du groupe manquent à l’appel. Nous leur avions donné rendez-vous dans un restaurant où nous ne sommes jamais allés. Dommage pour eux, car il leur faudra trois jours pour nous retrouver. Un peu plus loin dans le désert du Kalahari au Botswana, les consignes à midi sont de se retrouver à seize heures à la sortie d’un parc. Malheureusement, en ne faisant que rouler, il faut plus de huit heures pour faire ce parcours. La nuit tombant à dix-sept heures, l’organisation décide de bivouaquer dans un endroit prévu à cet effet avec deux véhicules participants. Les autres autos du groupe tenteront de rejoindre le point de rendez-vous théorique. Certains ne l’atteindront que vers minuit après être tombés en plein cœur de troupeaux d’éléphants. Malgré les incessants appels sur les téléphones portables et satellites de l’organisateur, il leur faudra de nouveau trois jours pour retrouver le leader d’une organisation qui vivait son raid à lui tranquillement. Que se serait-il passé en cas de gros problème ? Nulle ne peut répondre.

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Le lion possède une puissance majestueuse qui appelle au respect. Notre premier lion sera un vieux solitaire caché dans les fourrés. Même amoindri par le poids des ans, cet animal dégage une force peu commune. La réserve de Chobe en est pleine. Il nous sera même donné de suivre une famille sur plusieurs kilomètres jusqu’à son point de ravitaillement en eau. Le spectacle donne alors à réfléchir sur l’absolue nécessité de préserver l’environnement du roi des animaux. Les autres espèces se laisseront approcher tout aussi facilement. Éléphants, girafes, zèbres, hippopotames, crocodiles, phacochères, oiseaux en tout genre : la liste des spécimens rencontrés permet de mettre des croix dans chaque case de l’inventaire de la savane. Et c’est une réelle chance de se retrouver acteur en plein milieu d’un documentaire animalier au volant de son propre véhicule.

AFRIQUEAUSTRALE-MELLET004Le survol en avion du Delta de l’Okawango permettra de prendre de la distance sur les paysages traversés. Une vue aérienne est encore plus impressionnante puisque l’immensité prend vraiment son sens. Ce recul nécessaire permettra d’aborder les chutes Victoria au Zimbabwe avec la même approche. Il est alors temps pour moi de prendre l’avion de retour. Le programme du groupe est encore plein de bonnes et moins bonnes surprises. Heureusement, après six mois ne restent que les bons souvenirs. Le Méga-Raid pourra avoir lieu dans deux ans…

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