Ecosse
Balade Écossaise
À quelques kilomètres seulement de nos frontières hexagonales, l’Écosse laisse entrevoir des paysages de landes désertiques dont il serait dommage de ne pas profiter. Et si les performances de franchissement de nos 4×4 n’y sont jamais mises à mal, l’Écosse n’en reste pas moins une très jolie destination à découvrir, pourquoi pas, en famille ou lors d’un premier voyage en individuel.
Tous droits réservés texte et photos : Marc Mellet
Pourquoi ne pas s’intéresser un peu plus au Nord ? En observant une carte d’Europe, on se rend compte qu’Édimbourg, la capitale de l’Écosse, est à égale distance de Barcelone pour un parisien ou d’Algésiras pour un marseillais. Certes la météo n’y est pas toujours favorable mais sachez qu’en ces périodes de canicules, il peut parfois y faire très bon. En tout cas, le Gulf Stream est là pour veiller à une température adoucie tout au long de l’année. Et s’il pleut ce ne sera rarement plus de la demi-journée, car sont les jours sans soleil sont exceptionnels. En tout cas, le mythe des châteaux hantés et des lacs par milliers crée une attraction suffisante pour me faire prendre le ferry. Après une rapide escale à Londres, cap est mis sur Édimbourg, 679 kilomètres plus au nord.
En ce mois d’août, la capitale historique et culturelle de l’Écosse reçoit le festival international. L’un des plus grands festivals d’art du monde avec des centaines de participants de l’art du spectacle, de la musique classique, de l’opéra et de la danse. Le festival off rassemble lui tout ce qui peut se faire en spectacles de rue, théâtre, spectacles comiques et musicaux. La foule est nombreuse et l’ambiance électrique. Entre l’intérêt de ce « super Avignon » et les richesses architecturales, la ville propose de multiples intérêts. Trois jours ne seront pas de trop pour découvrir la forteresse et arpenter les rues commerçantes de George Street et Prince Street. Le parc de Holyrood park permet de prendre un peu d’air frais mais se sera en dehors de la ville, dans la région des Lothians que vous découvrirez un aperçu de la suite du voyage : nature intacte et vieilles pierres de qualités. Déjà, les doigts d’une main ne suffisent plus pour compter les attractions touristiques majeures à visiter. Le programme est chargé.
À moins d’une heure de la capitale régionale, Glasgow revendique un caractère bien différent. Sous des aspects moins bourgeois, la troisième ville de Grande-Bretagne par sa population affiche un style plus dynamique, plus écossais aussi. Sa richesse architecturale a été célébrée à de nombreuses occasions et c’est un vrai plaisir d’arpenter les rues à la recherche de bâtiments au style et au design si différents. La vie nocturne, moins touristique qu’à Édimbourg, permet d’appréhender les contacts chaleureux qui sévissent entre écossais. Le samedi soir, la bière coule à flots et nombreux sont les Écossais qui vous invitent à partager votre avis sur des questions de société. Cette chaleur propre aux pubs et aux liens qui s’y créent n’ira qu’en grandissant, en s’éloignant des grandes villes. Car l’Écosse nécessite au moins un apprentissage, sinon un mode d’emploi pour magnifier votre voyage. Par exemple, il faut savoir que la majorité des routes et chemins appartiennent à des propriétaires privés. Pour passer sur leurs terres, il faut donc s’enquérir des usages en cours. Selon les renseignements glanés auprès des locaux, les pubs y sont pour cela les lieux de prédilection, vous saurez quelles sont les barrières que vous pourrez franchir sans risquer la réprimande d’un propriétaire mécontent. Les règles sont assez simples et rapidement vous apprendrez que jamais l’accès ne vous sera refusé à condition bien entendu de respecter l’endroit et en refermant soigneusement les barrières après passage. L’élevage des ovins est une ressource importante et chaque terre y reçoit son troupeau de moutons qu’il serait mal vu de laisser s’éparpiller.
Un peu plus loin, presque aux portes de Glasgow, Loch Lomond ou le plus grand lac écossais donne la mesure des Highlands. Déjà, le mythe de l’Écosse s’expose. Lacs profonds aux eaux lisses et noires, forêts denses et impénétrables et paysages infinis couverts de bruyère en fleur. L’image que l’on s’en fait colle à la réalité. Le château de Dumbarton qui trône sur l’une des plus anciennes places fortes du pays aux remparts naturels de basalte complète magnifiquement le tableau.
En continuant, naturellement sur le nord, le fabuleux Loch Ness continue d’attirer les foules venues glaner l’image qui apportera la preuve de l’existence de Nessie, un monstre d’ingéniosité pour attirer le chaland. Cependant, le panorama sur ce loch qui s’étire sur quarante kilomètres de long et deux de large est fantastique. La rive Est permet de beaux bivouacs avec vue sur les ruines du château d’Urquhart.
La route qui mène à l’Ile de Skye est tout aussi magnifique. La bruyère en fleur recouvre les landes d’une couleur violette qui sublime les formes adoucies des collines et vallons. Entre ces grandes étendues colorées, des lochs par centaines reflètent des nuages qui ne manquent pas dans la région. Pourtant, il ne pleut toujours pas. Cette route touristique accueille de nombreux camping-cars squattant les aires de repos. Heureusement, le 4×4 permet de s’isoler de cette foule estivale pour des bivouacs en pleine nature. Au matin, l’arrivée sur le château de Eilean Donan est une pure merveille. Alors que ces formes ne sont pas les plus impressionnantes, ce château possède un ora qui dépasse l’entendement. Peut-être sa situation au milieu d’un ilot du Loch Duich suffit à expliquer cela ou est-ce simplement la lumière magique qui exalte ce lieu ?
À quelques kilomètres se trouve l’ile de Skye. Un pont à péage permet de se rendre sur cette île, la plus visitée des Hébrides Intérieures. Normal, c’est la plus grande. Elle a la réputation de rassembler tous les types de paysages visibles dans les Highlands. En fait, ce qui m’intéresse au plus haut point, c’est la découverte de la distillerie Talisker. Ce whisky pur malt jouit d’une réputation d’excellence rapportée par les rencontres des nombreux pubs visités. L’occasion était trop belle pour ne pas en tenter une visite. Ici, la dégustation s’effectue avant d’entrer puisqu’à la sortie vous atterrissez directement dans le magasin d’usine. Le but avoué étant de vous faire repartir avec au moins une bouteille. Les qualités de fabrication m’ayant convaincu, je ne me suis pas fait prier… à la sortie, un panneau dans toutes les langues vous rappelle que vous devez conduire à gauche.
Étant persuadé que les paysages de l’île de Skye seraient encore plus beaux en grand, cap est mis au nord pour un tour des Highlands du nord. Dans cette région, où la densité de la population est de 8 habitants par kilomètre carré, la nature prédomine partout. La route de la cote très découpée prend des allures de fin du monde. La voie unique nécessite d’utiliser les aires de dépassements pour laisser passer les véhicules arrivant d’en face. Les règles de politesse et de courtoisie sont de rigueur au point qu’il arrive parfois que les deux véhicules qui devaient se croiser attendent plusieurs minutes avant de se rendre compte qu’ils sont tous les deux arrêtés. De mon côté, les autocollants posés sur la voiture me font passer pour une dépanneuse. À plusieurs reprises, des personnes ayant des soucis sur leurs véhicules se mettront au milieu de la chaussée pour réclamer mon aide pensant que j’étais l’assistance qu’ils avaient appelée. Heureusement que l’outillage de bord permet de faire plus que le minimum vital. À chaque fois, j’en serais quitte pour une invitation à boire un verre dans le prochain pub.
Si les paysages et les quelques chemins qui entrecoupent les grandes terres vierges du nord sont d’une grande qualité, la pointe de John O’Groats est un attrape touriste à éviter. La pointe Nord-ouest de la Grande-Bretagne ne présente un intérêt seulement pour prendre le ferry qui mène aux Orcades. Des excursions d’une ou plusieurs journées permettent de découvrir une partie de ses 70 îles qui accueillent phoques et macareux.
En redescendant sur Inverness, une visite des jardins du château de Dunrobin rappelle à merveille l’univers enchanteur de la « Belle au bois dormant ». La majorité des châteaux encore habités mais qui se visitent possèdent un jardin dont l’intérêt pourrait faire concurrence au château lui-même. Au moins d’août de nombreuses plantes sont toujours en fleurs et égayent avantageusement le gris des pierres des châteaux du XVIe siècle.
Encore plus au sud, la ville d’Aviemore accueille annuellement un rassemblement particulier : le plus gros rassemblement Harley du pays. L’ambiance est forcément festive et je suis étonné par la sociabilité de ses gros barbus tatoués qui parcourent l’Écosse… en kilt. Eh oui, ici le kilt est de rigueur pour tous les participants. Le soir, les dégustations de whisky vont bon train au son de la cornemuse.
En oubliant le mal de tête, ce rassemblement Harley m’aura permis d’apprendre la tenue d’Highlands Games dans un petit bourg assez proche. Ces jeux ancestraux ont un énorme succès populaire. Les disciplines où des participants s’affrontent sont multiples puisqu’il y a autant de concours de danse que de lancer de marteaux. Les courses de vélo sur gazon alternent avec du saut en hauteur tandis que les gros bras font du lancer en tout genre. Le clou du spectacle ayant lieu lors du lancer de tronc d’arbre. Pendant ce temps, la parade des cornemuses rythme la moindre activité de ces jeux pas ordinaires.
Ces mélodies raisonneront encore bien plus loin qu’après le simple passage de la frontière. L’Écosse a cela d’envoûtant qu’elle allie harmonieusement trois des composantes qui font un voyage réussi : des paysages naturels à couper le souffle, un patrimoine historique unique et surtout une population à la fois chaleureuse et enjouée. Pour parcourir ce pays, un Rav 4 aurait été le compagnon idéal puisque l’on ne peut pas parler de tout-terrain à proprement parler. Tout juste y a-til quelques beaux chemins à parcourir dans le nord du pays. Cependant, une fois de plus le 4×4 permet de sortir un peu des sentiers battus pour trouver des bivouacs à la hauteur de vos exigences. Une destination à conseiller à ceux qui commencent à voyager avec leur véhicule et qui veulent garder un certain confort (grâce aux B & B, bed and breakfast) ou justement ceux qui ont déjà tout vu au sud et en ont marre de sortir les plaques de désensablage.
L’Écosse en bref
Situation : au nord de la Grande-Bretagne. L’Écosse est entourée de 790 îles, dont 140 habitées. Les Shetlands sont situés à 60° de latitude nord. Distance de Paris à Édimbourg : 875 km.
Superficie : 78 775 km2 soit 1/6 de la France. Le pays s’étire de 440 km du nord au sud et de 250 km dans sa largeur.
Climat : océanique, adouci par le Gulf Stream.
Population : 5,5 millions
Régions : 9 régions administratives décomposées en 54 districts.
Monnaie : livre sterling
Langues : anglais, gaélique
Secteur d’activité : tertiaire à 75 %
Principales ressources : agriculture (céréales, bois, tourbe, varech), élevage ovin, pêche, énergie hydroélectrique et pétrole.
Routes : conduite à gauche. Le réseau est de bonne qualité. Dans les Highlands, les routes sont parfois à voie unique. Il faut utiliser des airs de dépassement lorsque vous rencontrez un véhicule venant en face.
Adresses utiles :
www.ecossetourisme.com
Traversée en bateau : P & O ferries, traversée Douvres-Calais (1 h 30) ou Zeebruge-Hull (14 h). Tel information : 01 55 69 82 28. Agences à Paris, Cherboug, Le Havre et Calais
