Et pourquoi pas l’Antarctique ?
À la découverte du sixième continent sur un brise-glace russe, le Capitaine Dranitsyn.
L’Antarctique est immanquablement le plus inaccessible des continents. Aux yeux de tous, certainement le moins connu et le plus mystérieux. Depuis maintenant dix ans, Quark Expéditions propose des croisières extraordinaires à destination des régions polaires. L’Antarctique fait partie des itinéraires que cette société maîtrise parfaitement. Nous avons eu l’occasion de le vérifier à bord de Capitaine Dranitsyn, un brise-glace transformé en bateau de croisière.
Texte et photos : Marc Mellet (Croisières Pratiques, 2001)
Jeudi 6 décembre
Ushuaïa, un port de départ austral.
Il est 18 heures. Les sirènes du départ viennent de retentir. Le GPS indique S 54°48, 635’ – W 068°17, 748’. Normalement, cette latitude extrême
annonce la fin du périple de nombre de voyageurs aux longs cours. La ville d’Ushuaïa étant la plus australe au monde, il n’est donc pas possible d’aller plus bas. Et pourtant… Pour nous, les 57 passagers de ce bateau si différents des autres croisiéristes, ces coordonnées géodésiques annoncent le début du voyage. Notre objectif se trouve être la Péninsule Antarctique. Plus exactement, quelque douze degrés plus au sud : le cercle polaire antarctique. Pour l’atteindre, seul un brise-glace est capable de s’affranchir des difficultés de navigation. Car même en plein été austral, la banquise envahit une bonne partie de l’océan glacial antarctique, pour la rendre inaccessible à tout autre type d’embarcation.
Sitôt en possession de nos cabines, nous sommes conviés à un apéritif de bienvenue. Le personnel du bateau est composé de plusieurs équipes qu’il nous faut connaître. L’équipe de Quark est composée de scientifiques en activité ou à la retraite et d’aventuriers aux (très) longs cours. Tous ont pour point commun leurs multiples expériences en régions polaires. Laurie Dexter, le responsable de notre « expédition » a par exemple fait partie du premier raid qui a traversé l’océan Arctique de la Russie jusqu’au Canada en passant par le Pôle Nord à la fin des années quatre-vingt en pleine Perestroïka. Ceci pendant presque cent jours de ski. Une leçon d’humilité qui justifie les guillemets utilisés pour parler de notre « expédition ».
Le Kapitan Dranistyn est un bateau construit en Finlande dans les années quatre-vingt, affrété par Quark via l’armateur russe Mourmansk Shipping Company. L’équipe opérationnelle qui dirige le bateau est donc naturellement russe avec à sa tête le capitaine Ivan Karavka, personnage au charisme certain.
L’équipe de cuisine quant à elle, comprend une nationalité de presque chacun des pays anglophones qui compose notre planète. Le chef est New zealandais. Nous avons rapidement l’occasion de déguster sa cuisine, excellente, lors de notre passage dans le canal de Beagle et devant le village de Puerto William. Eh oui, Ushuaïa joue sur les mots. S’il s’agit bien de la Ville la plus australe au monde, mais le village chilien représente bien la population permanente qui vit le plus au sud de notre globe.
Vendredi 7 décembre
Passage de Drake mouvementé.
Au petit-déjeuner, lors du réveil, les mines fatiguées en disent long sur la nuit qui vient de passer. Le passage du Cap Horn a été un moment décisif de notre nuit puisqu’il sous-entend l’arrivée dans le Passage de Drake. Cet endroit est internationalement reconnu pour la générosité des vagues qui le composent et des vents qui le balaient. Et si les spécificités du cahier des charges d’un brise-glace sont honorablement tenues lors de franchissements d’une couche épaisse de banquise, bon nombre d’entre-nous peuvent certifier que la tenue en mer n’est pas la première des qualités de ce genre de navire. Pourtant, on nous assure que nous sommes extrêmement chanceux. Quatre jours plus tôt, le bateau offrait à ses hôtes quarante-huit degrés de gîte dans ce même passage. Lors de notre nuit épique, nous n’avons pas dépassé la trentaine de degrés…
Dans la matinée, Delphine Aurès, ornithologue française, inaugure les conférences données à bord. Nous apprenons à reconnaître les multiples oiseaux marins qui suivent notre route. Delphine nous dit tout sur les albatros, skuas et pétrels, de leurs habitudes de vie et alimentaires, mais c’est avec curiosité que nous découvrons qu’ils servent aussi de relais d’observation pour les scientifiques. Des balises Argos miniatures permettent de faire plusieurs relevés sur la température de l’eau ou encore sur sa richesse en CO2 dans des mers ou la recherche océanographique n’est pas des plus simples et coûte très cher.
Ils indiquent ainsi régulièrement la localisation de la ligne de convergence des eaux chaudes et froides. Endroit riche en phytoplanctons où l’eau passe en très peu de temps de douze à trois degrés Celsius. Un concours est lancé pour déterminer l’heure de passage de cette ligne et l’heure à laquelle nous allons rencontrer notre premier iceberg. Nous passerons la ligne à dix-neuf heures trente.
Samedi 8 décembre
Iceberg en vue.
« Un iceberg digne de ce nom doit avoir au minimum la taille du bateau, tout le reste servira comme glaçons pour l’apéritif », répète Laurie sans discontinuer à tous les passagers qui accourent pour lui déclarer que leur prédiction était la bonne. Il est vrai que depuis ce matin les glaces itinérantes se font de plus en plus présentes autour du bateau. Mais ce ne sera qu’à midi que nous croiserons la route de notre premier vrai iceberg. Le spectacle est déjà émouvant de beauté.
Les conférences de la matinée nous auront appris qu’il existe dix-sept espèces de manchots dans le monde. Du manchot empereur de 130 centimètres pour 40 kilos au manchot Adélie qui mesure 75 cm pour 5 à 6 kilos, tous ont pour particularité d’être en haut de la chaîne alimentaire et de se nourrir essentiellement de krill et de petits poissons. Rappelons ici que le krill, plancton des mers froides formé de petits crustacés selon le Larousse, est la base même de la vie en Antarctique, baleines et oiseaux marins compris. Le manchot empereur est le seul animal à rester sur la banquise en hiver alors que les conditions météo sont les pires. Cela est dû à la phase de croissance du poussin qui par rapport à sa taille est proportionnellement plus longue. À la fin de l’été, le poussin doit se débrouiller seul.
Avant notre premier accostage, une conférence est donnée par un reporter du National Geographic. Kim Heacox, explique les bases du cadrage photographique, les corrections d’expositions liée à la glace et la neige ainsi que le comportement qu’il faut avoir avec les animaux pour prendre de bonnes images sans les importuner. Cette leçon sera immédiatement mise en application lors de notre débarquement sur l’île de la demi-lune (Half Moon iceland) ou nous débarquons via des rotations en zodiacs en fin d’après-midi. La manchotière qu’elle renferme remportera tous les suffrages d’attendrissements. Les manchots Adélie qui la composent ont une démarche et des comportements vraiment attendrissants, voire risibles. Les skuas, ces oiseaux prédateurs qui attaquent les manchots fatigués ou malades gâcheront ce spectacle en nous ramenant à une réalité carnassière.
La sirène du bateau retentit. Le vent se lève, il est temps de retrouver les zodiacs pour retourner à bord avant que la mer ne devienne trop grosse.
Dimanche 9 décembre
Deception Iceland.
Notre deuxième accostage à lieu sur l’île de la déception (Deception Iceland). Ce site offre une protection naturelle qui a favorisé l’implantation de l’homme. L’effondrement de la caldeira de ce volcan a ouvert une brèche sur la mer. L’eau s’y est engouffrée, offrant un excellent abri pour le mouillage des bateaux. Au début, ce refuge servait pour les chasseurs de baleines. Les Norvégiens ont installé une station de dépeçage qui avec le temps s’est transformée en base scientifique. Par la suite, deux autres bases ont été créées jusqu’au jour ou une éruption volcanique a entraîné une énorme coulée de boue détruisant la première base. Quelques années plus tard, le même scénario s’est reproduit sur l’une des autres bases. Le site n’est plus qu’un repère pour les bateaux de tourisme. L’endroit regroupant un mouillage praticable toute l’année, des vestiges intéressants de bâtiments, d’os de baleines et même un avion démonté. L’activité volcanique est facilement décelable puisqu’en creusant un simple trou sur la plage nos gentils accompagnateurs ont concocté une baignoire à l’eau délicieusement tiède. Chacun repartira de cet endroit avec un souvenir de baignade mémorable. Les plus courageux plongeant directement dans une mer qui n’affiche guère plus de quelques degrés.
Lundi 10 décembre
Une météo exceptionnelle.
Au petit matin, le bateau s’engouffre dans un fjord où la mer est d’huile. Ce lundi est une vraie aubaine pour les photographes.
Pour la première fois, le soleil tape tellement fort que regarder la glace en devient insupportable. Trop éblouissant sans lunette de soleil. Pour ma part, trente-sept films auront été nécessaires à la réalisation de ce reportage. Vingt sont issues de cette journée magnifique. Certains des passagers ont utilisé plus de cinquante films dans cette seule tranche de vingt-quatre heures. Tout a commencé lors de l’arrivée près de la péninsule de Neko Harbour. Ce site est connu pour la facilité que l’on a d’y admirer des baleines. Malheureusement, seuls quelques-uns d’entre nous auront ce privilège. Peu importe, la qualité graphique des plaques de glaces qui se détachent des glaciers est superbe. À l’accostage, une colonie de manchots Adélie nous accueille. La curiosité l’emporte rapidement sur la peur et nous sommes rapidement entourés de manchots pointant le bec en l’air pour mieux nous cerner. L’occasion de faire de beaux portraits. Nous sommes alors en T-shirt sous un soleil de plomb. De quoi revoir sérieusement l’image hostile de l’Antarctique qui sait se faire accueillante à ses heures estivales.
Lors d’une promenade en zodiac à la recherche de phoques à la dérive sur des icebergs, nous croisons une base argentine abandonnée. Les crédits manquant cruellement au pays, tous les programmes de recherche ont été suspendus. La base est couverte de neige et l’on ne distingue plus que le haut des antennes de télécommunication.
Après le déjeuner à bord, des rotations en hélicoptère sont prévues pour découvrir l’immensité de Paradise Bay. Nous aurions déjà du goûter à cette approche aérienne du continent blanc depuis déjà quelques jours déjà puisque près de cinq sorties de vingt minutes sont prévues par passagers mais les conditions météo n’ont pas permis la sortie des hélicoptères. Ces appareils sont à bord pour une raison de sécurité. Ils servent à trouver les passes lorsque la glace est trop épaisse dans les conditions opérationnelles du grand-nord. Dans une mission du type qui est la nôtre, à vocation touristique, ils ne servent que pour des survols touristiques et à effectuer des débarquements de passagers quand la mer est trop grosse pour mettre à l’eau les zodiacs. Les passagers ressortiront la bouche bée, émus de ce qu’ils ont pu survoler. Mais ils n’ont encore rien vu puisqu’après le dîner, nous entrons dans le passage qui débouche sur la mer de Lemaire. Celle-ci est recouverte entièrement de banquise. La glace est omniprésente. Ajouter à cela quelques manchots isolés courant sur la banquise et les lumières extraordinaires de coucher de soleil, vous comprendrez aisément pourquoi les appareils photo n’ont pas arrêter de déclencher jusque deux heures du matin. Heure à laquelle la luminosité est devenue trop faible pour continuer à imprimer de nombreux films. Le bruit des obturateurs a arrêté de couvrir le craquement de la glace sous notre coque renforcée. Nous sommes en direction du cercle polaire antarctique. Il est l’heure de se coucher.
Mardi 11 décembre
« Chausson aux pommes au camembert »
Au réveil, nous apprenons que vers quatre heures du matin, la glace est devenue trop importante pour les capacités de notre navire. Nous avons dû faire demi-tour. Capitaine Dranistyn est pourtant capable de franchir un mètre quatre-vingts de glace lorsque les 24 000 chevaux de ses six moteurs galopent à plein régime. Déjà dans la soirée, il a dû à quelques reprises faire machine arrière et prendre de l’élan pour passer quelques plaques plus résistantes que d’autres. On nous explique que les glaces sont très résistantes puisque la mer de Lemaire était en eaux libres (open water ) l’été dernier. Les glaces de première année ont la particularité d’être plus résistante que celles, plus vielle, qui ont déjà travaillé.
Nous nous rabattons alors sur la base ukrainienne de Vernadsky, le point le plus méridional de notre périple avec comme coordonnées S65°14 W64°16. La précédente équipe de scientifiques anglais qui habitaient cette base a mis en évidence les perturbations de la couche d’ozone, il y a quelques années. Tout a commencé ici, car nous sommes juste en dessous du principal trou de la planète. La base a été donnée à l’Ukraine sous la condition que ses occupants continuent les recherches. Douze hommes habitent ici, dans des conditions de solitude que l’on pourrait croire extrêmes. En fait, plus de 2000 touristes passent chaque été visiter cette base. Le contact est succinct mais certains scientifiques usent de leur temps libre pour fabriquer quelques babioles à vendre aux touristes. Les tractations servent de prétexte pour échanger quelques mots.
Ce business n’a rien avoir avec celui de l’ancienne base de Port Lockroy où 8 000 des 16 000 touristes annuels viennent faire leurs emplettes. Cartes postales, T-shirts, casquettes, cravates… C’est un véritable supermarché du souvenir qui se trouve dans cette ancienne base transformée en « musée ». Mes camarades américains y font une vraie razzia avant de retourner sur le bateau pour un dîner « français ». Même si la qualité et la finesse des plats servis ne sont pas à remettre en cause, la « soupe à l’oignon » étant par exemple excellente, le « chausson aux pommes et au camembert » atteste d’une certaine adaptation aux cultures anglophones.
Mercredi 12 décembre
Barbecue pont d’envol.
La conférence de la matinée a fini de nous sensibiliser aux mécanismes de la tectonique des plaques. Pas facile pour les quatre francophones du groupe de comprendre l’accent très américain d’Art Ford. Ce géologue à la retraite a du mal à raccrocher. Il profite de ses excursions en tant que conférenciers pour approfondir ses connaissances personnelles. Nous savons maintenant que le continent antarctique faisait partie de Gondwana, la plaque méridionale lorsque La Pangée, le super continent, s’est séparée en deux, il y a 200 millions d’années. L’Antarctique a donc les mêmes origines géologiques que l’Amérique du Sud, l’Afrique, la Nouvelle-Zélande, l’Inde, Madagascar ou l’Arabie. La particularité commune étant une richesse du sous-sol très importante estimée à plus de la moitié des richesses mondiales. Voilà aussi pourquoi, l’Antarctique fait l’objet de revendications territoriales.
Fort de ces nouvelles connaissances, c’est avec un œil neuf que nous accostons sur Portal Point. Cet endroit très montagneux présente un accès privilégié pour rejoindre le plateau de la Péninsule. Malgré les langues de glace de plusieurs centaines de mètres de haut qui se jettent dans la mer et d’un nombre incalculable de crevasses, des scientifiques ont réussi par cette voie à parvenir au plateau supérieur. Les difficultés observées aux jumelles laissent présager du niveau sportif nécessaire pour mener à bien une telle aventure. Conscients du danger, nous resterons au niveau de l’Océan pour une croisière en zodiac à la recherche de phoques, ou mieux, de baleines. Malheureusement, personne n’aura la chance d’en apercevoir. Nous espérions en trouver lors de notre escale de l’après-midi à Mikkelsen Harbor, mais ce sera sans succès. Heureusement, les icebergs se suffisent à eux -mêmes comme spectacle d’émerveillement permanent.
Pour nous consoler, l’équipe de cuisine nous a préparé une petite surprise : un barbecue sur le pont d’envol. Profiter en plein air du show que la nature nous offre sous ses latitudes avec un verre de vin chaud dans une main et un morceau d’agneau grillé dans l’autre est un plaisir rare. Du coup, les gens se lâchent et l’atmosphère n’en devient que plus sympathique…
Jeudi 13 décembre
On a marché sur la glace
Toute la nuit, le vent s’est fait entendre. Au petit matin, nous savons que la météo n’est pas bonne. Il n’y aura peut-être pas de sortie aujourd’hui.
La visite des machines permet d’occuper ceux qui ne supportent pas d’être inactifs. Elle confirme surtout le sentiment d’être à bord d’un bâtiment exceptionnel. La technologie employée pour s’affranchir d’un mètre quatre-vingts de glace dure est de plusieurs ordres. D’abord il y a la coque, très ronde, recouverte d’une peinture spéciale qui permet de glisser sur la banquise. Car le navire utilise son propre poids pour briser la glace. Une lame de sept centimètres se trouve sous la coque pour amorcer la rupture. Les 24 000 chevaux qui alimentent les trois moteurs électriques ne servent donc qu’à poser le navire sur le pack. La lame et le poids faisant alors le reste. Si ça ne passe pas, il y a deux solutions : soit le bateau recule et reprend un peu de vitesse pour s’engager suffisamment loin pour amorcer une déchirure, soit il s’accouple avec un autre navire et utilise la puissance motrice des deux bateaux pour gagner un peu de vitesse. Si nous restons coincés, il existe un système de ballasts spéciaux qui permet de faire bouger le bateau sur lui-même. D’énormes pompes transfèrent jusqu’à cent tonnes d’eau de bâbord à tribord en moins de cinq secondes et inversement. Pareille entre l’arrière et l’avant. Il est donc possible d’imprimer des mouvements dans tous les sens pour aider la lame à faire son travail. Cette technique empêche également la glace d’entourer le bateau. Fort heureusement, nous n’avons pas eu besoin d’utiliser ce système.
En fin d’après-midi, une éclaircie permet à Laurie de prendre une décision qui va ravir tout le bord. Il demande au commandant de stopper le bateau alors que nous sommes au milieu de nulle part. Les machinistes arrêtent les moteurs et la passerelle est sortie. Deux éclaireurs partent examiner la glace. À grands coups de rames, ils s’assurent qu’aucune fissure n’apparaît. Ordre est donné de débarquer les passagers pour une petite excursion pédestre aux alentours du bateau. Il nous est même possible de faire le tour de la coque par l’avant. Je n’avais jamais pensé être suffisamment pieux pour marcher sur la mer sans avoir à nager. L’expérience est surprenante. Probablement un des meilleurs du voyage.
Vendredi 14 décembre
Une météo capricieuse
Aujourd’hui encore, le vent redouble de puissance. Les excursions prévues sont annulées. Plusieurs conférences meublent la journée. Le trou de la couche d’ozone, le krill et la tectonique des plaques seront les sujets abordés pour les rares auditeurs. Malheureusement, malade, je suis incapable de sortir de ma couchette.
Samedi 15 et dimanche 16 décembre
Le Passage de Drake
Durant ses deux jours, une visite dans les coursives désertes laisse présager le pire. Aurions-nous oublié des passagers sur la banquise l’autre jour ? Il n’y a plus personne dans les lieux communs. La salle à manger où il fallait faire la queue au moment des repas ne remplit plus qu’une dizaine de tables sur la vingtaine qu’elle contient. Chacun tient position dans sa couchette pour résister à cet assaillant virtuel. Le siège ne sera levé qu’après la vue du cap Horn, à l’entrée du canal de Beagle. Cette expérience nous fera dire que le passage de Drake à un effet bien plus efficace que n’importe quel traité de l’Antarctique. Mais c’est le passage obligé pour découvrir le grand continent blanc, l’un des rares endroits encore préservés de toutes activités humaines
La flotte
La flotte de la Mourmansk Shipping compagnie comprend quatre brise-glace à propulsion nucléaire(par conséquents interdits d’Antarctique) de 74 000 chevaux capable de briser jusque six mètres de glace et ainsi d’atteindre le pôle nord géographique. Quark Expeditions commercialise ce genre de voyage. Trois brise-glace de type « capitaine Sorokin » (dont fait partie le capitaine Dranitsyn) permettent d’accompagner les 13 cargos de la compagnie sur le passage du Nord-ouest de juin à octobre.
Où se renseigner
Les voyages Quark Expeditions sont vendus chez Mer et Voyages, agence spécialiste du voyage en cargo. www.mer-et-voyages.com
Fiche technique :
Homologation : Brise-glace, norme KMLL3 A2 (fonctionne jusque moins 50°C)
Pavillon : Mourmansk, Russie.
Longueur : 131 mètres
Largeur : 26,5 mètres
Tirant d’eau : 8,5 mètres
Déplacement : 10 471 tonneaux.
Motorisation : six moteurs diesel-élèctrique Warstsila développant 24 000 chevaux
Vitesse de croisières : 15 nœuds en eau libre.
Équipage : 60 personnes
Passagers : 106 personnes